Un pont jeté entre le corps et l’esprit
Les humains que nous sommes peuvent survivre plusieurs semaines sans manger et plusieurs jours sans boire, mais nous ne pouvons pas rester plus de quelques minutes sans respirer (pour les plus entraînés !). De toutes les "nourritures" qui nous sont indispensables, l’air est la plus importante et la plus abondante. Pour preuve, nous absorbons chaque jour environ un kilo d’aliments solides, deux kilos d’aliments liquides (boissons et nourritures confondues), et près de huit kilos d’air ! Le souffle est le fil si ténu, mais si puissant, qui nous relie à la vie, depuis la première seconde de notre existence jusqu’à celle où nous rendrons notre "dernier soupir". Notre vie terrestre a réellement commencé à l’instant où, prenant notre première inspiration, nous avons déployé nos petits poumons afin de recevoir cette impalpable nourriture gazeuse, permettant ainsi à chacune de nos cellules de transformer en énergie et en structure le "carburant alimentaire" de nos repas quotidiens.
Un signe indéniable de cette importance "vitale" du souffle : la respiration s’est immiscée dans notre vocabulaire au point de teinter nombre de nos expressions courantes. Nous parlons de "second souffle" pour exprimer un regain d’énergie après un moment de fatigue qui nous laisse "à bout de souffle". Les personnes très culottées ne "manquent pas d’air", mais elles peuvent comme tout un chacun "avoir le souffle coupé" par l’émotion. À moins qu’elles "retiennent leur souffle" dans l’attente d’un dénouement qui peut s’avérer "à couper le souffle"... Pour ne citer que les exemples les plus familiers.
Nous respirons ainsi entre 12 et 18 fois par minute tout au long de notre vie. Cela représente 600 à 700 millions d’inspirations et d’expirations au cours d’une vie de durée moyenne (plus d’un milliard pour les centenaires !). Nous respirons jour et nuit, dans le repos comme dans l’activité, que nous soyons malades ou bien portants (mais ni avec la même fréquence, ni avec la même amplitude). La plupart du temps, nous le faisons sans y penser : notre poitrine se soulève, notre diaphragme s’abaisse, le volume de notre cage thoracique augmente et l’air pénètre dans les poumons. Puis, à l’intérieur de notre organisme, des échanges gazeux permettent au sang de se charger en oxygène et de se défaire de son gaz carbonique. Enfin, la cage thoracique s’affaisse, notre diaphragme remonte et l’air vicié est expulsé vers l’extérieur.
Nous n’avons pas besoin de porter la moindre attention à notre souffle pour qu’il rythme notre existence. Mais la respiration possède une particularité qui la rend unique : il suffit de focaliser notre attention sur ce souffle pour le contrôler et reprendre immédiatement la main sur le pilotage automatique de notre cerveau. Nous pouvons ainsi ralentir ou accélérer notre rythme respiratoire, augmenter son amplitude ou l’alléger à volonté, et cela sans beaucoup d’efforts. C’est la seule de nos fonctions vitales qui jouisse de ce privilège. Notre cœur bat sans que nous y pensions, mais notre volonté semble n’avoir aucune prise sur son rythme. À l’inverse, nos mouvements sont le fruit de notre pensée consciente : en l’absence d’un ordre volontaire, nos muscles moteurs ne se contractent pas et nous ne pouvons pas bouger sans le décider.
La respiration semble donc un premier pont jeté entre le monde conscient et les profondeurs de l’inconscient. Nous avons tous expérimenté de manière intuitive le lien qui existe entre la respiration et le rythme cardiaque : il suffit d’apaiser volontairement son souffle (surtout l’expir) pour que les battements du cœur, eux aussi, s’apaisent immédiatement. Du même coup, une chaleur bienfaisante, un bien-être, parfois même une paix intérieure envahissent progressivement le corps et l’esprit. Sous certaines conditions, la respiration peut devenir cette passerelle jetée entre le corps, les pensées et les émotions. Depuis Hippocrate, les écoles médicales de toutes les époques et de tous les pays l’avaient bien compris et largement exploité en thérapeutique. Nous y reviendrons...
Ainsi notre souffle, mieux contrôlé, peut participer aussi bien à nos fonctions métaboliques et cardiovasculaires qu’à notre équilibre psycho-émotionnel. C’est ce qui fait de la respiration (en tant qu’acte volontaire) un outil irremplaçable pour l’entretien de la santé ; un outil capable d’influencer fortement les oscillations de la "balance de vie" de part et d’autre du point Delta1. Hélas, nous avons trop souvent tendance à l’oublier, en laissant la part inconsciente de la respiration l’emporter sur la part consciente. Tant qu’elle ne devient pas le siège d’un déséquilibre pathologique (affection respiratoire, asthme...), nous préférons mettre notre attention et notre énergie dans d’autres activités psycho-corporelles. La plupart du temps, nous considérons donc notre respiration comme un simple réflexe, alors que nous pourrions en faire un instrument essentiel de notre mieux-être (voire de notre bien-être) et de l’entretien de notre santé.
Votre Programme
Votre avis nous intéresse
Votre ressenti (ou votre expérience personnelle) en lien avec ce programme est précieux pour nous... Vos remarques, vos questions et vos suggestions seront soigneusement analysées et nous ferons le maximum pour y répondre. Pour les thèmes plus généraux nous posterons une video mensuelle de commentaires et de conseils. Merci pour votre collaboration.