Que penser de médecins très connus, comme Carl Simonton ou Bernie Siegel, qui ont placé le travail sur le psychisme et les émotions au cœur (et même en priorité) de leurs techniques de lutte contre le cancer ?

Aujourd’hui, force est de reconnaître que cette nouvelle vague de médecins holistiques des années 1980 et notamment le Dr Carl Simonton et le Dr Bernie Siegel, ont été des précurseurs de génie ! Ils ont tout mon respect et toute mon admiration. Tous deux sont des médecins spécialistes, de très sérieux cancérologues officiellement diplômés par des universités américaines et détenteurs d’une très riche et très fine expérience (et surtout intuition) médicale.

Leurs travaux, qui datent des années 1970-1980, ont été menés à une époque où les neurosciences étaient encore balbutiantes. Il leur a fallu un grand courage pour avancer d’un pas ferme comme ils l’ont fait, à contre-courant des idées reçues, sur cette "piste psycho-émotionnelle" qui est de plus en plus (et de mieux en mieux) acceptée et codifiée aujourd’hui (voire demandée par les universités et les CHU). Simonton puis Siegel ont lancé le premier véritable "pont" entre le corps malade et le psychisme guérisseur du patient. Ils ont établi les bases crédibles d’une première approche pluridisciplinaire ; l’un comme l’autre ne s’opposaient en aucune manière aux traitements et aux protocoles de la médecine classique (ils sont eux-mêmes cancérologues !). Ils entendaient élargir la conception de la maladie, du malade, du traitement, de la guérison et surtout de l’autoguérison ! Ils y ont parfaitement réussi ; ils sont aujourd’hui reconnus et respectés pour leurs travaux et leur charisme de thérapeute.

Soulignons que ce n’est pas forcément le cas de tous les pionniers qui se sont engagés dans cette voie. Je pense notamment à un nom qui a fait couler beaucoup d’encre en suscitant les polémiques les plus diverses (et même une suspicion de secte médicale) : le Dr Ryke Hamer, un médecin allemand qui a pourtant eu une intuition intéressante. Il pensait que tous les cancers prenaient uniquement racine dans un choc émotionnel intense ; ce choc laisserait une empreinte dans le cerveau, une sorte de "foyer actif puis cicatriciel" du corps qui constituerait la "matrice" de toutes les autres tumeurs cancéreuses. Le Dr Hamer, voulant à tout prix apporter la preuve scientifique de ses affirmations intuitives, a présenté à la communauté scientifique d’innombrables clichés cérébraux (scanners, IRM...), avec des traces bien visibles de ces "foyers" primitifs. Mais de nombreuses images étaient faussées par la présence d’artefacts (1). Cela a fini par nuire à la crédibilité de son approche. Il a également été desservi par les improvisations de certains de ses "disciples" qui encourageaient rapidement leurs patients à cesser tout traitement et tout suivi hospitalier (pour respecter la "phase de cicatrisation programmée" du cerveau !). Une attitude très risquée et très inconsciente ; mais surtout une voie thérapeutique qui se situe à l’opposé de la démarche de Simonton ou Siegel et de celle de la Delta-médecine.

Je le répète : toute théorie scientifique (même reconnue (2)) poussée à l’extrême, ne peut que desservir les possibilités de guérison du patient. L’avenir de la médecine appartient aux collaborations pluridisciplinaires, médicales et scientifiques ; aux soins personnalisés appliqués à un être humain global et non simplement à un "corps organique" ou à des symptômes parfois regroupés en "maladie"... parfois éparpillés en différentes spécialités sans liens.


(1) Les artefacts sont des images parasites très courantes qui « polluent » le cliché cérébral, un peu comme une goutte d’eau posée sur l’objectif d’un appareil photo fait apparaître des taches, sur n’importe quel paysage, pouvant ressembler à une apparition fantomatique ou à un « ovni ».
(2) Restons lucides, et gardons en mémoire que de nombreux patients décèdent chaque année des effets secondaires mal évalués de la chimiothérapie et de la radiothérapie.