Qu’en est-il de l’alimentation dite "macrobiotique", dont on a souvent vanté les mérites dans le traitement des cancers à partir des années 1980 ?
Ce type d’alimentation, fondé sur les principes de polarité du Yin et du Yang qui régissent la médecine chinoise (et japonaise), a été popularisé en Europe dans la seconde moitié du XXe siècle (1). Dans les années 1980, un médecin américain, le Dr Anthony J. Sattilaro, a raconté dans un live devenu un best-seller dans plusieurs pays (2), comment il s’est "guéri" d’un cancer en adoptant une alimentation macrobiotique. Il s’agit d’un régime végétarien strict, parfaitement codifié, à base de céréales sans gluten (principalement du riz) et de soupe de légumes aux algues et au miso (une pâte de soja fermenté riche en enzymes digestives). Après quelques mois de ce régime, le Dr Sattilaro a vu ses symptômes régresser de manière spectaculaire. Mais après une année de restriction alimentaire sévère, ses goûts d’Occidental ont recommencé à le tarauder. Il s’est mis à rêver de pâtes, de pain, de steak saignant... Il restait profondément américain ! En réalité, il avait involontairement commis une grande erreur de jugement : il n’avait adopté qu’une toute petite partie de "l’édifice de santé macrobiotique" : le régime alimentaire seul.
Contrairement à ce qu’ont affirmé certains médias à l’époque, cette alimentation n’a rien de délirant. Elle est même tout à fait pertinente pour peu qu’on la replace dans son contexte ; tout comme le régime ayurvédique en Inde ou l’alimentation taoïste en Chine. En fait, le vrai régime macrobiotique possède cinq niveaux, cinq paliers que l’on doit franchir progressivement, en partant d’une alimentation de base différente de la nôtre (moins de viande et de blé, plus de riz et de soja fermenté...). S’ajoute à cela une forte dimension spirituelle (d’essence bouddhiste zen) et des pratiques quotidiennes (massages, méditation, plantes...) très codifiées. La macrobiotique est un style de vie global, et non un simple régime alimentaire miracle.
On peut cependant se demander pourquoi les tumeurs du Dr Sattilaro ont régressé après qu’il a adopté une alimentation de type macrobiotique. Tout s’éclaire si l’on précise que le dernier niveau (numéro 5) de la macrobiotique est végétalien : on n’absorbe aucune protéine animale, d’aucune sorte. L’organisme, privé de protéine, se sert là où il peut, mais en respectant une hiérarchie tissulaire : les "masses cellulaires" en premier, puis les muscles, puis les organes digestifs, le cœur, et en dernier le cerveau (merveille de bon sens de la Nature !). Il commence donc par puiser dans la tumeur, qui est une "masse protéique" récente. C’est pourquoi cette manœuvre alimentaire peut être intéressante, pour certains malades, pendant une durée limitée (pas plus d’une quinzaine de jours). Mais cela ne peut pas constituer une solution à long terme. Bien sûr, dans un premier temps, on peut avoir l’impression que le régime alimentaire "soigne" directement la tumeur. Mais ce n’est pas le cas. La source tumorale n’est pas guérie et le système immunitaire n’est pas renforcé... On "fige" la maladie.
Le piège le plus dangereux vient du fait que, se sentant un peu mieux, le patient est tenté de s’enfermer dans ce régime extrêmement carencé qui l’affaiblit progressivement. Il contrôle provisoirement une maladie qui le détruit, par un régime qui va le détruire à son tour. S’ajoute à cela un autre danger : aveuglé par cette sensation de mieux-être, et inconscient du fait qu’elle n’est que transitoire, certains patients décident alors d’abandonner les soins et surtout la surveillance médicale classiques. Et lorsqu’ils se "réveillent" de ce rêve trompeur, il est parfois trop tard. C’est pourquoi je mets fermement en garde tous les patients désireux de s’engager dans une telle voie : il faut toujours le faire en complément du traitement et du suivi hospitaliers et en adoptant le programme "ethnothérapeutique" complet (corps, esprit, conscience... et pas seulement alimentaire).
(1) Notamment par Georges Oshawa, qui a publié en Europe plusieurs livres consacrés à ce vaste sujet ; puis son élève Michio Kuchi aux États- Unis, à Boston.
(2) Rappelé à la vie : une guérison du cancer, Calmann-Lévy, 1983 pour l’édition française.
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