La Delta-relaxation: entre psychosomatique et somato-psychique

Ainsi, la Delta-relaxation va s’appliquer avec bénéfice à toutes les "situations" inhérentes à la maladie, depuis l’annonce du diagnostic jusqu’aux traitements eux-mêmes. Ces "outils de santé" se situent au confluent de la psychosomatique et de la somato-psychique: ils vont agir sur le mental pour fortifier le corps, et agir sur le corps pour apaiser le mental.

Il existe de nombreuses techniques dans ce domaine: hypnose médicale, sophrologie, relaxation de Jacobson... Et surtout le célèbre "training autogène", du Dr Johannes H. Schultz, qui a inspiré un siècle de thérapeutes. Schultz était médecin, neurologue et psychiatre. À la fin du XIXe siècle, il fut l’un des premiers à s’intéresser aux relations étroites entre le corps et l’esprit. Il étudia notamment nos capacités naturelles d’auto-hypnose et d’autopersuasion, et parvint à les codifier (training) de manière à ce que nous puissions nous placer nous-mêmes (autogène), à n’importe quel moment, dans un état de détente bénéfique.

Les exercices de Delta-relaxation que je vous propose maintenant utilisent les éléments les plus pratiques du training autogène, associés à des exercices respiratoires et à un travail dirigé sur les pensées, que j’ai codifié et affiné d’année en année. Il faut savoir que l’imagerie mentale (1) guidée (I.M.G.) est un training fondamental pour de nombreuses techniques psychosomatiques. Le Dr Schultz l’utilisait fréquemment, auprès de ses étudiants, pour leur faire toucher du doigt les relations entre les pensées et le corps. Il parvenait par exemple à diriger et à intensifier son flux sanguin à volonté dans différentes parties de son corps. Au début de certains de ses cours, il s’allongeait, retirait sa chemise et il annonçait à ses élèves qu’il avait vraiment la gorge trop irritée et douloureuse pour parler à haute voix ! Afin de soigner ce mal de gorge, il se relaxait et "imaginait" que son sang affluait dans cette région douloureuse, apportant toutes les substances naturellement calmantes que son corps pouvait produire. Au bout de quelques minutes, les étudiants ébahis constataient que sa gorge et le haut de ses épaules devenaient rouge vif et chaudes, preuve que son flux sanguin avait "obéi" à son injonction silencieuse. Il pouvait opérer de la même manière avec ses mains, ses pieds, son front, son visage...

Pour mieux comprendre cette étonnante "voie psychosomatique", voici une petite expérience pratique que vous pouvez effectuer sur-le-champ. Cela ne vous prendra que deux ou trois minutes:

– asseyez-vous ou allongez-vous confortablement et fermez les yeux. Respirez profondément et détendez-vous ;

– puis imaginez que vous tenez entre vos mains un beau citron bien mûr. Caressez mentalement sa peau bien jaune, encore tiède des rayons du soleil, humez son parfum... ;

– faites durer ces sensations une ou deux minutes, puis imaginez que vous coupez ce citron en deux, que vous en portez une moitié à votre bouche et que vous croquez à pleines dents dans sa chair bien acide !

À l’instant où vous avez imaginé que vous mordiez dans le citron, il y a fort à parier que vous avez senti vos glandes salivaires se contracter légèrement et un peu de salive envahir votre bouche. C’est l’"idée du citron", son image mentale virtuelle, associée à la saveur acide, qui vous a fait (dans le réel) saliver de la sorte !

De la même manière, vous pouvez, par des pensées contrôlées et des images mentales dirigées, influer sur le fonctionnement de votre système nerveux. C’est le domaine des neurosciences appelé IMG (imagerie mentale guidée) et en anglais MIT (mental imagining training). Certes, on ne peut pas maîtriser totalement les systèmes ortho et parasympathiques par la seule force de la pensée et des images mentales, car ils fonctionnent avant tout de manière inconsciente. Mais ces images agissent sur le "contrôle mental" puis cérébral auquel ces systèmes sont soumis, en favorisant un meilleur équilibre nerveux et une plus grande résistance aux diverses pressions émotionnelles ; ou, plus simplement, une meilleure harmonie psychosomatique, garante d’une plus grande vitalité de nos mécanismes d’autoguérison.

(1) Le couple Simonton a, quant à lui, bâti tout un protocole d’accompagnement du cancer basé sur l’imagerie mentale guidée (I.M.G.).