Bien se nourrir : un savoir ancestral que nous avons perdu...

Au cours des dernières décennies, la science a percé presque tous les secrets moléculaires des aliments et les rouages profonds de la physiologie digestive. Aujourd’hui, on peut décrire le détail de tous les nutriments essentiels : les macronutriments (glucides, lipides, protides, fibres...) et les micronutriments (vitamines, sels minéraux, oligoéléments, acides aminés, acides gras, enzymes...). On cerne également leur devenir métabolique au sein de nos organismes après les avoir ingérés.

Pourtant, ces connaissances n’empêchent pas une bonne moitié des trois milliards d’individus qui vivent dans les pays industrialisés d’être "malades de leurs déséquilibres alimentaires" : obésité, diabète, hypertension, excès de cholestérol, syndrome métabolique... L’une des clés permettant de résoudre ces pathologies chroniques réside dans la manière de se comporter face à sa maladie comme face à sa santé : s’impliquer et dialoguer, plutôt que de s’enferrer dans des déséquilibres ; apprivoiser plutôt que contrarier. Ainsi, vous allez apprendre à "renouer le dialogue" avec vos aliments comme vous l’avez fait avec votre souffle. Un dialogue établi sur de solides bases scientifiques, afin de redécouvrir et de comprendre l’importance des choix, des combinaisons et des rythmes alimentaires.

Pourquoi réapprendre à se nourrir, direz-vous, puisque nous savons manger à notre faim ? Certes ! Mais il existe une très grande différence entre manger à sa faim et se nourrir "en conscience" (connaître les règles alimentaires de base), et donc en santé. D’abord, sachez que les grands centres de contrôle alimentaires de votre cerveau (1) sont souvent déréglés et provoquent des "fausses faims" irrépressibles : grignotages, envies, pulsions... Ensuite, n’oubliez jamais que les vraies règles alimentaires de santé sont plusieurs fois millénaires. Elles ont évolué en osmose avec le développement de l’homme, elles se sont transmises de génération en génération par l’intermédiaire le plus souvent des femmes et de la "fonction maternelle". Mais depuis une cinquantaine d’années, l’éclatement progressif de la cellule familiale multi-générationnelle a souvent rompu cette précieuse chaîne de transmission dans les sociétés occidentales. La science et malheureusement le marketing ont pris le relais. Mais si la science a souvent réussi à expliquer, elle n’a pas su éduquer. Nous nous retrouvons donc seuls face à ces aliments, sans règles, sans contrôle et souvent, sans intuition. Les seuls pseudoconseils que nous recevons aujourd’hui sont en réalité des pressions d’achat issues du marketing, qui s’est rué dans cette faille béante sans compétence ni éthique. Nous leur devons deux générations d’obèses et de "malades de la bouffe". Et au sein de la troisième génération, l’obésité et les maladies métaboliques liées à l’alimentation se manifestent dès l’enfance... C’est l’un des drames (masqués !) de ce début de millénaire, à la hauteur de tous les drames écologiques auxquels nous devons faire face ; de plus en plus urgemment.

(1) Il existe dans notre cerveau des groupements de neurones qui forment des noyaux cérébraux, dont le rôle est de contrôler les grands équilibres du corps. Parmi eux, le "centre de la satiété" contrôle notre appétit.