Exprimer son "désir de pardon"

Vous vous demandez sans doute ce que j’entends par "acte rituel ou symbolique". Il s’agit d’un acte bien "réel", mais ayant une portée "virtuelle" ; un acte simple à comprendre et à accomplir par votre cerveau conscient, mais ayant aussi la précieuse capacité de délivrer un message perceptible par l’inconscient.

Dans le cas présent, une partie de l’acte symbolique de Delta-psychologie va consister en un "désir de pardon" (1), que votre inconscient va entendre, comprendre et intégrer. Cela ne signifie pas que le pardon "émotionnel" sera réalisé d’un coup, comme par magie. Le vrai pardon demande du temps. S’il survient un jour, il vous procurera une libération totale qui vous sera très bénéfique. Mais lorsqu’on souffre d’un cancer, le temps presse. On n’a pas le loisir d’attendre cet élan de pardon salvateur. Cependant, vous allez découvrir qu’il est toujours possible de commencer par exprimer à votre inconscient votre "désir de pardon", afin de récupérer une partie de l’énergie émotionnelle dont vous avez immédiatement besoin. L’essence de cette idée maîtresse de la Delta-psychologie est parfaitement résumée dans ce texte célèbre de Martin Luther King: "Pardonner ne veut pas dire oublier qu’une faute a été commise ou mettre sur cette faute une étiquette qui la modifie. Pardonner veut dire que la faute ne constitue plus une barrière entre deux êtres." C’est cela qu’il faut comprendre et appliquer: cette démarche volontaire va faire tomber au niveau émotionnel une barrière qui retenait prisonnière une partie (précieuse) de votre énergie de vie. De votre part, c’est un acte de courage structurant et valorisant pour toute votre personnalité. C’est le côté à la fois pratique et puissant de cette technique.

Vous allez donc, dans un premier temps, vous attacher à ce désir1 de pardon. Vous allez en faire une "image mentale" et la formuler: "Oui, j’ai envie de faire la paix avec les émotions qui me font souffrir ; oui, j’ai envie de me libérer de cette rancune ou de cette culpabilité qui m’habite...". Il y a une excellente raison à cela. La rancune se nourrit du désir de vengeance: vous avez envie de faire souffrir la personne qui vous a fait du mal, de lui rendre la monnaie de sa pièce. Or, ce faisant, c’est vous que vous faites souffrir ! L’autre, le responsable, ne perçoit rien de ce désir obsédant qui vous perturbe... Quel gâchis !

À l’inverse, en formalisant votre "désir de pardon", ce n’est pas l’autre que vous absolvez de sa faute, c’est vous que vous commencez à libérer d’un fardeau émotionnel et mental très pesant.

Il en est de même en ce qui concerne la culpabilité. Si le sentiment de culpabilité est essentiel car il nous permet d’avoir conscience du bien et du mal, du juste et de l’injuste, la culpabilité chronique n’a aucune "utilité émotionnelle". Elle ne fait aucun bien à la personne que vous avez blessée ; et elle ne fait que vous hanter, vous perturber, dans une dynamique stérile qui ne fait du mal qu’à vous-même.

Désir de pardonner à l’autre, et désir de se pardonner à soi-même: voilà les deux premières clés symboliques de la Delta-psychologie (2).

(1) Dans le sens de "paix intérieure", je le souligne à nouveau.
(2) À noter que ces énergies émotionnelles libérées peuvent être mises à la disposition d’un "acte réparateur" vers la personne blessée ou d’une réouverture du dialogue (réel si celle-ci est toujours vivante ou virtuel si elle est décédée) avec la personne qui vous a fait souffrir.