Pensées et émotions: deux univers différents mais convergents

Nous voilà donc au cœur de la Delta-psychologie: la puissance de nos émotions et de leur impact sur notre organismes, mais aussi sur notre équilibre psychique et sur notre santé. Les émotions ne relèvent pas seulement de la sensation, du sentiment ou de l’état d’âme. Elles laissent une empreinte sur nos organismes. Elles génèrent une réalité biologique et organique que l’on peut aisément constater même si l’on n’en a pas encore percé à jour tous les rouages. Le "virtuel" (les pensées) peut se matérialiser à travers le "réel" (les réponses du corps) quand il est touché par la baguette magique de nos émotions.

Si la Delta-relaxation, dont nous avons parlé au chapitre précédent, était principalement axée sur des images mentales positives, des "formes-pensées" mieux programmées et dirigées, la Delta-psychologie a essentiellement pour cible certaines de nos émotions majeures. Même si les unes et les autres sont étroitement liées, elles sont bel et bien différentes. Une pensée est conceptuelle: vous pouvez penser à la couleur de vos vêtements, à la forme de votre voiture, au travail scolaire de vos enfants... Mais ces pensées peuvent avoir une coloration émotionnelle: le rouge que vous portez aujourd’hui vous stimule et éveille en vous de la joie ; la nouvelle voiture que vous venez d’acheter vous procure du plaisir ; le travail scolaire des enfants vous plonge dans l’inquiétude...

Pour s’exprimer, une émotion a donc besoin d’un support: une pensée, une image, un souvenir (1)… Mais aussi, pour l’initier, quelque chose de plus flou, d’impalpable ; une vague sensation. En fait, l’émotion est comme une mise en commun d’images et de pensées, que l’on colore avec ce que l’on "ressent". Ces ressentis plantent leurs racines dans les profondeurs de nos expériences les plus anciennes, dans ce que nous avons perçu (déroulant le film de notre vie) comme positif ou négatif, agréable ou désagréable, joyeux ou triste... Et ce, dès que nos systèmes sensoriels ont été à même d’envoyer des messages à notre cerveau et à notre système nerveux (soit dès avant la naissance).

Toutes ces colorations émotionnelles (virtuelles) se traduisent au final dans le corps, par la sécrétion (bien réelle) d’hormones de plaisir (sérotonine, dopamine) ou de déplaisir et de stress (adrénaline, cortisol). Les pensées sont donc des images mentales presque toujours teintées d’émotions, alors que les émotions n’utilisent pas forcément le support des images mentales claires pour se manifester (2). Elles le font souvent, certes, mais il arrive aussi que l’émotion se manifeste sans le support d’une pensée, dans une forme de "résurgence archaïque instantanée" ; par exemple lorsqu’un simple parfum suffit à réveiller en nous une impression de "déjà vu", de "déjà vécu", sans que l’on parvienne à mettre le doigt sur le souvenir en question. C’est donc l’émotion qui préexiste à la pensée. C’est l’émotion qui prédomine toujours (3), dans toutes nos fonctions de vie et de survie ; dans toutes nos énergies de guérison et d’autoguérison.

Les émotions sont au corps ce que la lumière est au cosmos: une énergie pure au-delà du Vivant.

En effet, contrairement à ce que nous pensons avec notre cerveau "tout-puissant", toutes nos idées ont des limites "nerveuses". Nos émotions, elles, sont illimitées et "omniprésentes", qu’elles soient présentes ou passées.

(1) Même si, rappelons-le, la mémoire est elle-même un "pont" jeté entre pensées et émotions.
(2) C’est le travail fondamental de la "symbolique", si chère à C. G. Jung.
(3) Une synthèse poétique de ce concept scientifique est parfaitement exprimée par la célèbre phrase de Blaise Pascal: "Le cœur a ses raisons que la raison ignore."