Stress, immunité et système hormonal
Notre système nerveux autonome (1) (avec ses deux branches : orthosympathique et parasympathique) se situe donc au confluent de la psychosomatique et de la somatopsychique. C’est lui qui relaie, dans le corps, les impacts du stress, de la tension nerveuse et des chocs émotionnels. Ces impacts négatifs et répétés finissent par affaiblir et déséquilibrer les réponses de tout notre système nerveux qui, nous le savons aujourd’hui, est relié à la fois au système hormonal et au système immunitaire.
Voici un exemple, parmi des centaines, souvent observé (et trop souvent négligé) : des milliers de femmes peuvent constater que, dans les périodes où elles ont à supporter des pressions émotionnelles intenses ou des stress répétés, elles peuvent subir des désordres hormonaux qui perturbent leur cycle (parfois jusqu’à l’arrêt complet des règles), altèrent leur fécondité (stérilités d’origine psychique) ou troublent le déroulement de leur grossesse. Les effets du stress peuvent également se manifester au moment de la puberté comme de la ménopause ; lesquelles se déroulent d’autant plus facilement que la femme n’est pas perturbée sur le plan psycho-émotionnel. En apprenant à mieux gérer son stress et ses émotions, on peut donc atténuer ces "impacts de vie" et préserver l’harmonie du système neuro-hormonal. De tels impacts existent aussi chez l’homme, avec la création, chaque année, de millions d’ulcères gastriques (association d’une bactérie, l’Helicobacter pylori et d’un excès de stress) ou de milliers d’infarctus de stress, si tristement célèbres.
L’excès de pression nerveuse et les chocs émotionnels (trop violents ou trop longtemps répétés) ont également un impact sur le fonctionnement du système immunitaire (c’est la voie de la psycho-neuro-immunologie, fer de lance des neurosciences hospitalières en cancérologie). Vous avez probablement déjà remarqué, sur vous ou sur l’un de vos proches, ces boutons de fièvre (herpès) qui ressurgissent à chaque retour de vacances ou ces rhumes qui s’aggravent le lundi matin lorsqu’il faut reprendre le travail. Ces manifestations pathologiques n’ont rien de fantaisiste. Elles sont dues à une baisse passagère de l’activité immunitaire, à la suite d’un stress : ici, la perspective de replonger dans une activité professionnelle que l’on imagine particulièrement pesante ou stressante.
De très nombreuses études ont exploré les relations existant entre le stress (et les émotions) d’une part, et l’activité immunitaire d’autre part. Une équipe de chercheurs de Boston (2), par exemple, a suivi un groupe d’étudiants d’une école dentaire pendant toute la durée d’une année universitaire. On leur prélevait régulièrement de la salive, pour y mesurer leur taux d’immunoglobulines (3). Ce taux, qui était resté à peu près stable tout au long de l’année, chuta à l’approche des examens. Et cette diminution se révéla particulièrement importante chez les étudiants très anxieux, ou ceux dont les parents étaient particulièrement soucieux des résultats scolaires de leurs enfants (pression "à la réussite").
Des études ont même été effectuées sur des animaux, eux aussi sensibles au stress. L’une d’elles (4) a étudié deux groupes de rats identiques, issus de la même souche. Ils étaient nourris de la même manière et vivaient dans le même environnement. Mais dans l’un des groupes, les animaux recevaient de temps en temps (et de manière irrégulière) des petites décharges électriques, non douloureuses mais qui rendaient leur vie inconfortable. Pendant trois semaines, la croissance des animaux resta identique pour les deux groupes (même poids, même taille). Mais au bout de vingt-cinq jours, leurs constantes biologiques commencèrent à varier de façon incroyable : les rats soumis à la situation inconfortable virent leurs défenses immunitaires s’effondrer : ils avaient dépassé leur "point-Delta" de résistance au stress.
Les scientifiques n’ont donc plus aucun doute à ce sujet : le stress, les pressions nerveuses et les émotions négatives ont une répercussion observable et mesurable sur notre vitalité et notre état de santé. Ces "répercussions psychosomatiques" ne sont pas encore toutes explicables dans le détail de leurs cheminements physiologiques et de leurs équations biologiques car nombre de paramètres en jeu sont "plurifactoriels" : la même "qualité" de stress ne produira pas la même maladie ni les mêmes symptômes sur deux personnes différentes si les terrains biologiques et nerveux sont différents. Voilà qui complique l’approche purement symptomatique. Il ne s’agit donc plus de soigner seulement un organe ou un système malade, mais un corps, un esprit et une personnalité globale. L’investissement en temps-thérapeutique et en temps-humain est nécessairement beaucoup plus important. C’est sans doute ce qui explique la "marginalisation polie" de toutes les thérapeutiques de type psychosomatique ; même si elles sont médicalement reconnues comme étant efficaces et utiles. Ces techniques constituent pourtant le domaine de prédilection de nos forces d’autoguérison ; souvent très efficaces, elles sont, pour la plupart, simples à mettre en œuvre, à maîtriser et à appliquer.
La Delta-relaxation trouve donc aisément sa place dans le contexte de la psychomédecine, si riche d’influences sur notre guérison et notre santé. Avec certains types de phrases codifiées, prononcées mentalement, dans un certain état de détente et avec un objectif de guérison bien ciblé, on peut observer un effet équilibrant et harmonisant sur tout notre système nerveux. Et ce message d’apaisement se répercute sur les autres fonctions vitales, notamment hormonale et immunitaire. Or, le système nerveux, le système hormonal et le système immunitaire sont tous trois fortement impliqués dans les cancers.
(1) Qui fonctionne sans intervention directe de notre volonté (battements cardiaques, digestion, tension artérielle...).
(2) Étude menée par les Dr Jemmott et Borisenko, dans les années 1980.
(3) Les immunoglobulines sont des substances de la famille des protéines, présentes dans le sang et dans les autres liquides vitaux, dont la salive. Elles participent aux réactions de défense de l’organisme, notamment en servant à la fabrication des anticorps.
(4) Cette étude a été menée par le Pr Soulairac, ancien directeur du laboratoire de psycho-physiologie de l’université Pierre-et-Marie-Curie.
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