Le rôle de l’alimentation dans les cancers

Tout ce que nous venons de décrire concerne notre équilibre métabolique global. Tous les déséquilibres dont nous venons de parler pèsent déjà lourd sur le mauvais plateau de notre balance de vie. Mais ce n’est pas tout ! L’alimentation exerce aussi un effet plus direct sur la genèse des cancers.

Au-delà des problèmes de poids, c’est à partir de l’alimentation que notre corps se construit pendant l’enfance et l’adolescence, puis se régénère à partir de l’âge adulte. La manière dont nous nous nourrissons exerce donc une influence importante sur la vie cellulaire et, surtout, sur tous ses dérèglements. De nombreuses études (1) ont montré que les alimentations dotées d’un fort index glycémique global favorisent le métabolisme des tumeurs. S’ajoute à cela le fait que la sécrétion d’insuline destinée à réguler le taux de sucre sanguin, en cas d’afflux glycémique brutal, s’accompagne (entre autres) d’une substance (2) qui stimule la croissance tissulaire. Tous les types de cellules en bénéficient, y compris les cellules cancéreuses qui profitent de cette substance pour accélérer leur prolifération.

Or, depuis le début du XXe siècle, la consommation de sucre raffiné a triplé. Sans compter l’augmentation de la consommation de ses produits dérivés industriels (sucreries, confiseries, pâtisseries...), et l’ajout quasi systématique de sucre dans la plupart des plats cuisinés à la chaîne. Surveiller l’apport d’aliments glucidiques est donc un premier pas essentiel lorsqu’on est atteint de problème cellulaire. Je vous expliquerai plus loin comment procéder pour parvenir, simplement et sans révolutionner votre façon de manger, à faire baisser la charge glycémique de vos repas (pour reposer votre pancréas, sans favoriser la "nutrition" de votre cancer).

Parallèlement, il est important de diminuer l’apport en protéines surtout dans les premières semaines qui suivent le diagnostic du cancer et avant une éventuelle intervention chirurgicale. Certes, l’organisme a besoin de protéines pour entretenir sa masse musculaire et la santé de ses organes, mais aussi pour nombre d’autres fonctions (3). Les composants de ces protéines (acides aminés) sont, par exemple, indispensables au cerveau pour produire les neurotransmetteurs, aux glandes endocrines pour sécréter les hormones et à tous les organes pour se régénérer. Ne vous alarmez pas : je ne professe pas une quelconque forme de "végétarisme sauvage", et je ne vous demande pas de supprimer les produits animaux. Mais les tumeurs sont des masses protéiques, qui profitent de tout apport excessif en protéines animales (viandes blanches et rouges, volailles, fromages gras et fermentés, œufs...). C’est pourquoi il vaut mieux diminuer immédiatement votre consommation d’aliments protéinés pendant trois à quatre semaines (dès que le diagnostic est posé). Cela ne vous fera pas courir le moindre risque de carence protéique.

La dose recommandée est simple à calculer : comptez 1 g d’aliments protéinés par kilo. Soit 70 g d’aliments protéinés par jour pour un homme pesant 70 kg, ou 55 g pour une femme de 55 kg. Et consommez de préférence des protéines légères (associées à peu de matières grasses saturées (4)) comme la volaille ou le poisson.

(1) Parmi les premiers travaux sur ce thème, citons ceux de Otto Heinrich Warburg, prix Nobel de médecine en 1931.
(2) Il s’agit d’une molécule appelée IGF, c’est-à-dire insulin-like growth factor 1.
(3) Dont le système immunitaire. Et c’est un paradoxe, car de nombreuses équipes médicales continuent à conseiller un régime hyperprotéiné avant les interventions chirurgicales. Certes, le système immunitaire en profite, mais bien plus encore la tumeur qui sera plus "inflammatoire", rendant l’intervention plus délicate.
(4) Il est aussi impératif de diminuer très fortement toutes les graisses de l’alimentation pendant ces trois à quatre semaines, car elles favorisent tous les phénomènes inflammatoires des tissus.